LA LUBRIFICATION DE MOUVEMENT

La lubrification des composants d’un mouvement horloger constitue une opération essentielle de l’assemblage et de l’entretien. Elle vise à réduire les frottements entre les pièces en mouvement et à limiter l’usure des surfaces de contact.

Chaque point de friction – qu’il s’agisse de pivots, de paliers, de roues ou d’éléments de fonctions spécifiques – nécessite l’application d’un lubrifiant adapté, tant en nature qu’en quantité. L’horloger sélectionne des huiles ou des graisses spécifiques selon la pression, la vitesse relative des composants et la température de fonctionnement attendue.

Une lubrification inadéquate, que ce soit par excès, par défaut ou par mauvais choix du produit, compromet le bon fonctionnement de la montre. Dans les cas les plus bénins, elle entraîne une usure prématurée et des révisions plus fréquentes. Dans les cas extrêmes, elle peut empêcher un mouvement – même neuf – de démarrer ou de fonctionner correctement.

Le choix du lubrifiant et la maîtrise de son application font partie intégrante du savoir-faire horloger. Ces opérations sont réalisées sous microscope, à l’aide d’outils adaptés, afin d’assurer précision et propreté.

Types de lubrifiants

Les lubrifiants utilisés en horlogerie moderne sont principalement des huiles synthétiques et des graisses spécialement formulées pour répondre aux exigences particulières des mouvements mécaniques. On distingue :

  • Les huiles fluides, utilisées pour les pivots à haute fréquence (roue d’échappement, balancier),

  • Les huiles visqueuses, pour les zones à plus faible vitesse ou à forte pression,

  • Les graisses, appliquées sur les points soumis à des charges plus importantes ou sur les composants mobiles de fonctions (correcteurs, remontoir, etc.).

Chaque lubrifiant possède une température de stabilité, une résistance à l’oxydation et une tenue dans le temps qui doivent être compatibles avec l’environnement fermé du boîtier de montre.

Techniques d’application

L’application du lubrifiant s’effectue sous microscope, à l’aide de piques-huiles calibrés ou de systèmes automatiques dans le cas de la production en série. Le dosage doit être précis : un excès peut entraîner une migration de l’huile vers d’autres parties du mouvement, tandis qu’un manque laisse les surfaces en contact direct.

Le travail de lubrification suit un plan établi selon les points critiques du mouvement. Certaines zones, comme les axes de balancier ou les palettes de l’ancre, nécessitent une attention particulière et des lubrifiants spécifiques.

Évolution historique

Autrefois, les horlogers utilisaient des huiles naturelles d’origine animale ou végétale. Ces lubrifiants, bien que efficaces à court terme, s’oxydaient rapidement, formaient des résidus et nécessitaient des entretiens fréquents. L’avènement des huiles synthétiques à partir des années 1970 a radicalement amélioré la stabilité et la longévité des lubrifications.