L’ÉCHAPPEMENT DUPLEX

Il s’agit d’un échappement à repos frottants et à un coup perdu (trois coups perdus dans la variante duplex-Jacot). L’échappement duplex constitue l’un des jalons importants dans l’histoire de la chronométrie mécanique. Développé au XVIIIe siècle, il incarne une tentative d’amélioration de la précision et de la régularité des montres à une époque où la maîtrise du temps devient cruciale pour la navigation, la science et l’organisation sociale. Ce type d’échappement, à la fois rare et techniquement élégant, offre une alternative intermédiaire entre les échappements à recul comme l’échappement à verges ou l’échappement à roue de rencontre, et les échappements libres comme l’échappement à détente ou l’échappement à ancre suisse.
Adaptation de l’échappement pour pendule réalisé par Jean-Baptiste Dutertre, l’échappement duplex a trouvé sa conception fonctionnelle et définitive vers 1750 par Pierre Leroy.
Il tire son nom du double profil de sa roue d’échappement, composée de deux séries de dents distinctes, chacune remplissant un rôle précis (dégagement et impulsion) dans le processus de libération et de transmission de l’énergie.
Durant un siècle, l’échappement duplex connaitra plusieurs évolutions améliorant sa précision et réduisant son coût de production (les roues d’échappement pouvant être fabriquée par étampage). L’une des variantes les plus connues de l’échappement duplex a été mise au point par Charles-Edouard Jacot. L’échappement duplex-Jacot fonctionne à 3 coups perdus soit une impulsion toutes les quatre alternances. Associé à un balancier oscillant à 14’400A/h (soit 4 alternances par seconde) il permet donc d’afficher une seconde morte sans avoir à y dédier un mécanisme spécifique.
Contemporain de l’échappement à cylindre, l’échappement duplex a connu un grand succès avant d’être lui aussi supplanté et remplacé par l’échappement à ancre suisse.
A l’instar de l’échappement à cylindre, l’échappement duplex est un échappement à repos frottants. Comme l’échappement à détente, il s’agit d’un échappement dit à un coup perdu (une impulsion toutes les deux alternances). Dans ce cas, le faible diamètre du rouleau (point de contact et de dégagement chassé sur l’axe de balancier), et les dents de dégagement pointues limitent l’importance des frottements comparativement à un échappement à cylindre.
La roue d’échappement possède deux types de dents :
- Les dents de repos, de forme pointue occupent la périphérie de la roue. Elles bloquent la roue lorsqu’elles sont en contact avec la périphérie du rouleau. Lors de l’alternance d’impulsion, lorsque la dent de la roue tombe dans l’encoche du rouleau. Ce dernier permet d’enclencher le dégagement.
- Les dents d’impulsion, de forme triangulaire sont situées sur la serge de la roue d’échappement. Lorsque le dégagement est opéré, la dent d’impulsion vient frapper le doigt d’impulsion en rubis situé au-dessus du rouleau.
Cette conception engendre un fonctionnement particulièrement fluide et peu perturbé, car l’impulsion ne se fait que dans une direction, ce qui diminue l’effet perturbateur du train de rouage sur l’oscillateur.
Avantages
L’échappement duplex présente plusieurs avantages notables :
- Grande régularité du balancier due à la séparation des phases d’impulsion et de repos.
- Friction réduite comparée à l’échappement à cylindre ou à verge.
- Simplicité relative du mécanisme, avec un faible nombre de composants mobiles en interaction.
- Coût de fabrication restreint, la roue d’échappement pouvant être fabriquée par étampage.
Ces qualités le rendent particulièrement adapté aux montres de poche de haute précision utilisées avant l’avènement de l’ancre suisse.
Inconvénients
Malgré ses mérites techniques, l’échappement duplex présente aussi plusieurs limitations :
- Fragilité mécanique, en particulier de la roue d’échappement à double profil dont les dents de repos sont relativement délicates.
- Sensibilité aux chocs, rendant son usage peu adapté aux montres portées dans des conditions dynamiques.
- Impulsion unidirectionnelle, nécessitant des réglages précis pour équilibrer les oscillations du balancier.
Ces défauts ont contribué à sa disparition progressive au profit d’échappements plus fiables et comprenant moins de frottements (échappements libres)