Le double-plateau
Figure 1: Plan d’un double plateau
Figure 2: Éclaté de l’asssemblage balancier-spiral
Figure 3: Fonctionnement de l’échappement à ancre suisse (vitesse réelle)
Définition et rôle
Bien qu’il soit solidaire de l’axe du balancier (l’organe régulateur) (cf figure 2), le double-plateau appartient à l’échappement à ancre suisse (cf figure 3) l’organe de distribution qui régule la transmission de l’énergie de l’organe de comptage et de distribution (le rouage de finissage) vers l’organe régulateur (balancier-spiral).
Le double-plateau se compose de trois éléments distincts :
- Le grand plateau qui porte la cheville de plateau (ou ellipse).
- La cheville de plateau qui opère la phase de dégagement et qui reçoit l’impulsion de l’ancre par interaction avec la fourchette de l’ancre.
- Le petit plateau, se situe sous le grand plateau auquel il est lié par un canon. Son interaction avec le dard de l’ancre constitue un organe de sécurité empêchant le renversement. Une encoche elliptique y apparait à sa circonférence dans l’alignement de la cheville de plateau. Cette encoche laisse passer le dard lors des phases de dégagement et d’impulsion permettant ainsi à l’ancre de passer librement d’une goupille de limitation à l’autre durant ces deux phases uniquement.
Bien que l’on distingue fonctionnellement le grand plateau du petit plateau, les deux plateaux et le canon qui les relie sont usinés en un seul bloc.
Fonction dans l’échappement à ancre suisse
Dans le cycle de fonctionnement de l’échappement, le double-plateau joue un rôle essentiel lors des phases de fonctionnement suivantes:
- Le dégagement : A la fin de l’arc supplémentaire descendant de l’organe régulateur, la cheville de plateau percute la fourchette de l’ancre et l’entraine dans un mouvement rotatif.
- L’impulsion : Lorsque le dégagement est opéré, la roue d’échappement transmet son impulsion à l’ancre. La fourchette rattrape alors la cheville de plateau et lui transmet l’impulsion de l’alternance suivante
- Sécurité de fonctionnement : La circonférence du petit plateau offre une butée au dard lorsque le balancier effectue son arc supplémentaire ascendant et descendant empêchant ainsi l’ancre de sauter malencontreusement d’une goupille de limitation à l’autre sous l’effet d’un choc (renversement).
(Pour plus de précisions se référer au fonctionnement de l’échappement à ancre suisse)
Matériaux de fabrication
Traditionnellement, le double plateau est usiné en acier trempé, en laiton ou en Glucydure. La cheville de plateau est quant à elle fabriquée en rubis synthétique.
Ajustement et assemblage
Le double-plateau est chassé sur la partie inférieure de l’axe de balancier, sous le balancier (cf figure 2). Cette opération requiert une potence à chasser et un rivoir d’un diamètre parfaitement adapté afin de ne pas endommager ou déformer le double plateau. On veillera lors de cette opération à aligner la position de la cheville de plateau à mi-chemin entre les deux bras du balancier (ou entre deux de ses bras).
(pour davantage de précisions se référer au chapitre « Chasse du double plateau » du film dédié au réglage)
Conclusion
Le double-plateau est un élément essentiel au fonctionnement de l’échappement à ancre suisse. Qu’il soit chassé sur l’axe de balancier et donc solidaire de l’organe régulateur entraine de nombreuses confusions. Il est donc important de rappeler et de souligner que LE DOUBLE PLATEAU EST UN ÉLÉMENT CONSTITUTIONNEL DE L’ORGANE DE DISTRIBUTION et non de l’organe régulateur.
Thomas Mudge invente l’échappement à ancre suisse en 1754. C’est ce type d’échappement qui est largement le plus utilisé depuis l’aube du 20ème siècle. Le double plateau apparait logiquement avec l’invention de ce type d’échappement. Sa construction et son fonctionnement n’ont pas connu de réelle évolution depuis.
La cheville de plateau en rubis synthétique ne permet pas réellement d’être fabriquée artisanalement (procédé de production du rubis, usinage et polissage). Quelle qu’en soit sa matière, le double-plateau est généralement produit par décolletage et sa fabrication ne présente pas de difficulté particulière. Après avoir été usiné, le double-plateau est intégralement poli (généralement par un procédé tribologique). Les double-plateaux en laiton ou en Glucydur sont ensuite nickelés ou rhodiés afin de les protéger contre l’oxydation. La cheville de plateau est engagée dans le fraisage du grand plateau prévu à cet effet avant d’y être fixée par de la gomme-laque ou de la colle.