LE CHRONOGRAPHE « RETOUR EN VOL » (FLYBACK)

Le chronographe avec retour en vol présente le même aspect qu’un chronographe à deux poussoirs. Il est également doté de deux poussoirs qui assument les mêmes fonctions qu’un chronographe à deux poussoirs conventionnel, mais le poussoir de remise à zéro propose également la fonction « retour en vol ».

Comme son nom le suggère, ce type de chronographe est lié à l’aviation et à son histoire. Entre le premier vol d’un avion, attribué aux frères Wright en 1903, l’aviation s’est développée au rythme que l’on connait. Or jusqu’à la fin de la seconde guerre, les aides au pilotage et à la navigation étaient quasi inexistantes. La mesure de temps précis était importante afin de définir sa position et de naviguer avec précision. Lors des phases d’approches, un pilote devait enchainer un nombre certain de mesures de temps tout en procédant aux délicates manœuvres de son appareil. Par exemple : Voler 2min30 à 60 nœuds en vent arrière, puis 45 sec à 50 nœuds en vent latéral et enfin 20 sec à 50 nœuds en vent de face, avant d’entamer la descente. Une imprécision de mesure de ces temps pouvant avoir de désastreuses conséquences sur le lieu et le moment de son atterrissage. Ainsi chaque mesure successive devait débuter à un instant précis (le début d’une nouvelle manœuvre). Or, si le chronographe était en prise sur une mesure précédente, le temps nécessaire à arrêter le chrono, le remettre à zéro et le redémarrer demandait un temps qui faussait la mesure suivante. Ainsi et alors que la fonction de chronographe est toujours en marche, le pilote peut arrêter, remettre à zéro et redémarrer son chronographe par une seule pression sur le poussoir de remise à zéro. Les trois opérations se font alors conjointement et instantanément.

Si on comprend immédiatement l’intérêt d’une telle complication dans sa vocation première, celle-ci n’a plus réellement de raison d’être de nos jours. Toutefois, la fonction « retour en vol » dispose d’un avantage non-négligeable sur le chronographe à deux poussoirs simple. En effet, si l’usager actionne malencontreusement le poussoir de remise à zéro alors que le chronographe est en marche (en prise), il ne risque absolument pas d’endommager le mécanisme.

L’apparition des premiers chronographes avec fonction retour en vol à lieu vers 1930. Toutefois on trouve un chronographe signé Hermann Bovet (sans lien avec les Bovet de Fleurier) qui dispose d’une fonction retour en vol sans même qu’elle soit mentionnée. Le brevet de ce chronographe a été déposé en 1888 soit quinze ans avant le premier vol d’un aéronef. C’est par hasard et pour mettre au point l’objet du brevet de son chronographe qui portait sur l’usage du compteur 24H et du compteur 60min du chronographe comme deuxième fuseau horaire que le mécanisme de « retour-en-vol » permettant de passer d’une fonction à l’autre a été imaginé et donc, non revendiqué, l’aviation n’existant alors pas !