LA « LIGNE DROITE »
La ligne droite est un instrument mécanique traditionnel utilisé en guillochage pour la gravure de motifs géométriques linéaires et répétitifs sur des surfaces métalliques, notamment les cadrans et les boites de montres. Apparue au cours du XVIIIe siècle, cette machine repose sur un système de cames, de leviers et de chariots permettant le déplacement contrôlé d’un burin sur un plan rectiligne.
Principe de fonctionnement
Contrairement au tour à guillocher qui produit des motifs circulaires ou ondulés, la ligne droite exécute des motifs exclusivement rectilignes. Le mouvement principal est assuré par un chariot longitudinal, généralement monté sur des rails ou des glissières de haute précision. Ce chariot entraîne un porte-burin qui grave la pièce, souvent maintenue sur une table mobile pouvant se déplacer transversalement pour répéter le motif à intervalles réguliers.
Le contrôle du motif est assuré par une came ou une réglette de modèle fixée à la machine. Cette came détermine l’amplitude et la fréquence des lignes, permettant la réalisation de dessins tels que les clous de Paris, les vagues parallèles, les pavés, ou encore des rayures droites extrêmement fines. La profondeur et la pression de coupe sont quant à elles ajustées manuellement par l’opérateur, ce qui confère à chaque gravure une dimension artisanale unique.
Applications horlogères
En horlogerie, la ligne droite est principalement utilisée pour décorer les cadrans, les fonds de boite, les platines ou parfois les ponts. Le motif guilloché obtenu n’est pas seulement décoratif : il joue également un rôle fonctionnel en limitant les reflets lumineux et en améliorant la lisibilité du cadran.
Certaines manufactures intègrent encore aujourd’hui des lignes droites dans leurs ateliers, témoignant d’un attachement au savoir-faire traditionnel et à la transmission des métiers d’art. Le maniement de cette machine requiert des années d’expérience et une sensibilité tactile affinée, car chaque motif doit être tracé avec une précision extrême.
Patrimoine mécanique
Comme pour d’autres instruments de guillochage, les lignes droites anciennes sont aujourd’hui rares et précieusement conservées. Leur présence dans un atelier horloger est souvent considérée comme un gage d’authenticité et d’excellence artisanale. À l’ère de la production numérique, la persistance de leur usage incarne une volonté de perpétuer une esthétique mécanique traditionnelle.